À Lorient, l’Hôpital à domicile de l’Aven à Etel explique de quelle manière il orchestre la chaîne de professionnels de santé intervenant à la résidence de Kerguestenen, touchée par le Covid-19.
Le contexte
Après l’Ehpad Edilys (sept décès consécutifs au Covid-19 parmi les résidents), la résidence autonomie de Kerguestenen, gérée par le CCAS de la ville de Lorient, se trouve à son tour confrontée à une situation épidémique. Plusieurs pensionnaires ont dû être hospitalisés.
L’enjeu
Le foyer épidémique a été découvert vendredi 3 avril 2020. « On se trouve face à un, puis deux, puis trois patients atteints du Covid dans une résidence non médicalisée, décrivent les Dr Eric FOSSIER et Jean-Charles ROUSSEAUX, respectivement directeur et président de l’Hôpital à domicile (HAD) de l’Aven à Etel. Habituellement, 30 médecins libéraux et 20 infirmiers interviennent dans la résidence [chaque pensionnaire a son médecin traitent, NDLR]. Ce qui manque, c’est un chef d’orchestre. Comment médicaliser une résidence en situation de crise ? Il faut coordonner, protéger patients et personnels, trouver le personnel. C’est le rôle de l’HAD. »
Le timing
La première réunion de crise a lieu lundi 6 avril, au matin. « Le mardi matin, l’infirmière coordinatrice était en place », relate le Dr FOSSIER.
L’organisation
Les médecins libéraux intervenant habituellement à Kerguestenen acceptent de participer à la coordination médicale 7 jours sur 7. Un généraliste est ainsi présent de 13 h à 16 h dans la résidence pour faire le point avec les infirmières de coordination.
Les infirmiers présents en temps ordinaire à Kerguestenen continuent de leur côté à suivre leurs patients. Parallèlement, le collectif des libéraux a entrepris une tournée Covid. La Mutualité est également étroitement associée à cette réponse sanitaire (équipe hygiène, kinés et psychologues de Kerpape). De même, le clinique mutualiste a proposé ses services.
Les tests
Les équipes mobiles de gériatrie du Groupe hospitalier Bretagne-Sud réalisent les prélèvements dans les différents Ehpad et autres résidences accueillant des personnes âgées. « Dès les signaux d’alerte, il ne faut pas perdre de temps, insiste le Dr FOSSIER. Dans une structure hospitalière, on arrive plus facilement à confiner les personnes. Dans une résidence, c’est plus compliqué et on ne peut pas mettre en place d’aile de confinement. »
Le quotidien
Aujourd’hui, en plus des interventions assurées par les médecins et les infirmiers traitants, trois infirmières et six aides-soignants sont présents à Kerguestenen. « On est dans la médecine d’urgence», relève le directeur de l’HAD. « À Kerguestenen, on ne teste plus, c’est trop tard. On surveille les nouveaux symptômes. Si c’est inquiétant, les résidents sont hospitalisés, sinon, ils restent sur place. On travaille en lien avec l’hôpital et notamment la médecine polyvalente qui dispose de places à Lorient et Quimperlé. Le Divit et Keraliguen (Kerpape) ont aussi des lits « réservés Covid ». »
L’enseignement
Grâce à son réseau, l’HAD est en mesure de mettre en musique une réponse « souple et réactive » à une telle crise. À tel point que l’Agence régionale de santé lui a demandé de rédiger un vade-mecum de bonnes pratiques « en situation de crise », qui pourrait servir à d’autres.
Source : Ouest France